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ROOTS - Press Review 

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De oneindige mogelijkheden van de cello

Roots  │ Pierre Fontenelle │ Cypres

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Met zijn debuutalbum Roots toont de Belgische cellist Pierre Fontenelle (die al op 20-jarige leeftijd solocellist werd bij de Opéra Royal de Wallonie-Liège) dat de cello veel meer is dan een instrument voor klassieke concerten. Zijn spel brengt een fascinerende wereld van klanken tot leven, van diepe melancholie tot speelse energie, alsof je je in een film bevindt. Soms roept de muziek beelden op van regen die zachtjes tegen de ramen tikt, dan weer van de bruisende spanning van een Cirque du Soleil-act. Samen met hedendaagse componisten verkent Fontenelle de grenzen van wat de cello kan vertellen en hoe het zich verhoudt tot een moderne muzikale context.

 

Een mooi voorbeeld hiervan is Caroline Shaw’s Boris Kerner. Het stuk opent met eenvoudige, pulserende structuren die doen denken aan vroege études uit de tijd van Bach, alsof de cello zich voorzichtig oriënteert. Maar al snel neemt het een onverwachte wending. Moderne ritmes, verrassende melodische sprongen en het unieke gebruik van bloempotten (!) trekken je de 21ste eeuw in. Het resultaat is een boeiende balans tussen ernst en humor, traditie en vernieuwing.

 

Julie-O van Mark Summer, daarentegen, is ingetogen en diep reflectief. De Ierse folkinvloeden brengen een melancholische warmte, alsof je wordt uitgenodigd om stil te staan bij verhalen uit vervlogen tijden. De melodieën zijn elegant en raken recht in het hart door hun eenvoud en puurheid. Fontenelle speelt het met een serene intensiteit, waarbij hij de kracht van stilte en ruimte volledig benut.

 

Met Speechless bereikt Fontenelle een ander hoogtepunt. Dit werk is als een wire-act, waarin hij een indrukwekkende spanningsboog creëert en die gedurende vijftien minuten moeiteloos weet vol te houden. De cello zingt, fluistert en kreunt, terwijl de subtiele percussie een dreigende onderlaag toevoegt, alsof je de echo’s van een verre storm hoort. Het stuk is geladen met emotie en laat je op het puntje van je stoel zitten, ademloos meegaand in de intensiteit van het moment.

 

Met Roots maakt Pierre Fontenelle een krachtig statement: de cello is een instrument dat eindeloos kan verrassen. Hij laat niet alleen horen wat het instrument technisch aankan, maar brengt ook verhalen die blijven resoneren. Het album voelt als een intieme dialoog tussen traditie en moderniteit, tussen muzikant en luisteraar. Roots is niet alleen een aanrader voor celloliefhebbers, maar voor iedereen die op zoek is naar muziek die grenzen durft te verkennen en de verbeelding prikkelt.

 

Bart Debbaut, januari 2025

Découvrez les sorties discographiques musique classique de la semaine
Par Pierre Solot

 
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ConcertsLa ScèneMusique de chambre et récital

Le violoncelliste Pierre Fontenelle : des racines et des ailes

Le 15 février 2025 par Benedict Hévry

Le violoncelliste Pierre Fontenelle et le percussionniste Max Charue proposent pour ce concert une passionnante confrontation d'œuvres récentes signées Caroline Shaw ou Andrea Casarrubios avec quelques pages – revisitées – de Johann Sebastian Bach.

 

Pierre Fontenelle est né en 1997 à Arlon, dans la province belge de Luxembourg, et donne, par son parcours aventureux, l'impression d'avoir déjà vécu plusieurs vies. Sa famille émigre au tournant du millénaire pour une quinzaine d'années aux États-Unis, à Seattle. C'est là qu'il découvre en autodidacte le violoncelle. Revenu en Europe avec ses parents, il étudie aux conservatoires de Luxembourg, de Namur (IMEP), de Mons et à Paris. Son premier disque en solo, très original et personnel, récemment paru chez Cypres, rend hommage par son titre Roots (Racines) et par son programme tant à son pays d'adoption qu'à la nouvelle génération féminine américaine, très plurielle dans ses modes d'expression et ses sources d'inspiration : y sont illustrée Andrea CasarrubiosCaroline Shaw et Reena Esmail. Pour ce concert, seules les deux premières créatrices sont retenues, chacune pour deux vastes partitions très saisissantes par leur parcours poétique et expressif et par l'exploration des ressources sonores assez inouïes de l'instrument (un Ruggieri de 1690) et des percussions qui à l'occasion le sertissent.

 

Caroline Shaw, née en 1982, est réputée pour son éclectisme d'inspiration et de destination des partitions. Si certaines de ses œuvres récentes peuvent céder à une certaine facilité, il n'en va pas de même avec Boris Kerner (hommage à l'ingénieur allemand à l'origine de la modélisation mathématique du concept de « trafic routier triphasé ») ; cette page se situe à la rencontre des mondes baroques – le conduit harmonique des sections extrêmes – et minimalistes, dans la lointaine descendance d'un John Cage – avec cette partie de percussions destinée à des… pots de fleurs, minutieusement choisis pour un accordage millimétré et très poétique par ses résonnances inharmoniques. In manus tuas destiné au seul violoncelle fait référence au motet éponyme de Thomas Tallis, par ses recherches sonores, son patient jeu de déconstruction arpégée puis de reconstruction en pizzicati : c'est une sorte d'offrande musicale confiée – avec le jeu de mots que l'on comprend de la sorte ! – aux mains-mêmes de l'interprète !

Mais avouons avoir été plus séduit et interpellé par les deux œuvres retenues de la violoncelliste-compositrice Andrea Casarrubios (née en 1988). Speechless (2015), partition très narrative, associe l'instrument à cordes au vibraphone, au marimba et à la cymbale pour l'évocation épique d'un spectaculaire périple transcontinental – laissant d'énormes libertés métriques et agogiques aux interprètes, pour un résultat qui laisse littéralement l'auditoire… sans voix.

Beaucoup plus intime, Seven (2020), pour le seul instrument à cordes, se veut une allusion sensible aux heures les plus douloureuses de la pandémie de Covid, basée sur les bribes mélodiques égrenées par un carillon éolien telles que perçues alors depuis son studio new-yorkais par la compositrice confinée. Le titre  fait allusion à ce rituel pris chaque soir d'applaudir le personnel soignant, avec ce glas sept fois répétés ponctuant, telle une horloge mortifère, l'œuvre : par sa puissance d'évocation inversement proportionnelle à l'économie de ses moyens, cette méditation nous renvoie à quelques-unes des heures les plus pénibles de nos vies et remporte de la sorte un franc succès public ce soir par l'émotion immédiate qu'elle suscite.

Pierre Fontenelle a indiscutablement l'étoffe d'un  grand artiste par sa curiosité de répertoire et sa générosité interprétative. Il présente, avec des mots choisis et non sans humour enthousiaste, chacune de ses pièces et en facilite ainsi l'écoute.  Chevillé à son violoncelle, il peut en tirer des effets sonores sidérants avec ce mélange de force convaincante et de sensualité séductrice. La justesse d'intonation et la maitrise assez confondante de l'archet sont ainsi pleinement au service de l'expression musicale la plus sensible et de l'adéquation esthétique la plus juste. Il est parfaitement secondé dans sa démarche par l'exceptionnel percussionniste Max Charue, lui-même compositeur et très impliqué dans la vie de la scène contemporaine belge : celui-ci apporte la touche tantôt délicate tantôt plus furieuse qui relance en permanence le discours.

En ce sens, et dans cette configuration particulière, la figure tutélaire de Johann Sebastian Bach est convoquée par les deux artistes pour ouvrir et refermer les débats : avec en manière de commencement, « l'adaptation d'une adaptation » ( la transcription pour violoncelle et vibraphone du célèbre Ave Maria de Gounod calqué sur le premier prélude du premier livre du Clavier bien tempéré donné au violoncelle pour sa ligne mélodique surajoutée, avec un legato d'une sidérante et intense beauté et une grande sûreté d'archet. Pour terminer, les menuets I et II de la première suite pour violoncelle se voient ponctués avec délicatesse de touches d'udu, cet instrument idiophone nigérian en forme de jarre : les quelques interventions subtiles et « aquatiques »  de Max Charue relancent de manière surprenante mais idoine le discours. En bis quasi improvisé, la courante de la même suite, donnée dans la même distribution, est d'une ivresse rythmique et d'une articulation châtiée malgré son effervescente vélocité.

Crédits photographiques : Pierre Fontenelle © Amandine Lauriol 

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